Dossier thématique : Points de vue croisés

"Conquérir l'amitié d'un chat est chose difficile". Histoire résumée de notre relation aux chats (XIXe-XXIe siècle)

  • Giulia Guazzaloca
    Professeur des Universités en Histoire contemporaine
    Université de Bologne, Département des Sciences politiques et sociales

Une histoire millénaire

1.Le chat vit auprès des êtres humains depuis environ 10 000 ans et cette longue cohabitation ne semble pas lui déplaire, vu qu’au cours des siècles, il a occupé un espace de plus en plus important dans nos vies. Toutefois, il reste une créature mystérieuse, à la beauté à la fois parfaite et insaisissable : « peut-être est-il fée, est-il dieu ? », s’interrogeait Charles Baudelaire en observant ses yeux semblables à de « vivantes opales » qui le fixaient1. C’est certainement son caractère énigmatique qui le rend si fascinant : il est, depuis l’époque classique, un protagoniste des contes et récits du monde entier. Aujourd’hui, il existe des millions de livres sur les chats dans toutes les langues. Le mot « chat » saisi dans le moteur de recherche google.com renvoie à plus de 400 millions de vidéos2. Nous connaissons les histoires romancées de tous les félins qui ont vécu auprès de grands personnages historiques, de Richelieu à Clinton en passant par Lénine, Newton, Picasso, Hemingway, etc. Au cours des millénaires, aucun autre animal n’a été à ce point la cible de sentiments aussi contraires. D’abord vénéré en tant que divinité, il a ensuite été persécuté de façon la plus cruelle.

2.Aimé et haï, adoré torturé, célébré par l’art et la littérature, le chat, dans l’imaginaire collectif, représente tout et son contraire, éternelle allégorie des plus grandes vertus et des vices les plus abjects de l’âme humaine3.

3.Divinisés dans l’Égypte ancienne, où ils étaient associés à la déesse de la fertilité, les félins se propagèrent en Grèce et dans l’Empire romain. Associés à Diana, ils étaient sacrés et considérés comme dotés de pouvoirs magiques. Ils arrivèrent jusqu’en Extrême-Orient en passant par la Perse et l’Inde. Nombreux sont ceux qui écrivirent sur eux, entre autres Hérodote, Aristote et Pline l’Ancien. Dans leurs fables allégoriques, Ésope et Phèdre mirent particulièrement en lumière leur ruse et leur tempérament prédateur. Ces caractéristiques et leur refus apparent de reconnaitre la supériorité de l’homme sur la nature furent à l’origine de la campagne de diabolisation menée par l’Église médiévale, qui les accusait d’être des complices de Satan et de prêter leur apparence aux sorcières et aux mauvais esprits. Pendant des siècles, les chats furent chassés, jugés, torturés, brûlés et emmurés vivants pour éloigner la malchance ou en signe de dévotion au Christ. Leur réhabilitation commença entre le XVIIIe et le XIXe siècle, même si, au XIXe, l’imaginaire populaire était encore sous l’emprise des histoires de chats-démons. Les paysans gascons par exemple pensaient que le diable les payait pour les surveiller.

4.En somme, l’histoire millénaire du chat est complexe et il est impossible de l’explorer dans un essai de quelques pages. Même si nous limitions la discussion à une période et à une zone géographique précises, les perspectives d’analyse potentielles et les méthodologies à mettre en œuvre seraient trop nombreuses. Notre cohabitation avec les animaux est en effet un domaine d’étude interdisciplinaire qui implique, entre autres, la philosophie, l’histoire, l’anthropologie, le droit, la bioéthique, l’économie, l’histoire de l’art et de la littérature, la psychologie, la sociologie4. Couvrir un horizon aussi vaste ne faisant pas partie des compétences ni des ambitions de l’auteur de cet essai, il est important de préciser les limites du discours qui sera développé dans les pages suivantes.

5.Selon les estimations de 2022, plus de 127 millions de chats vivent dans les maisons des Européens. Ils sont, avec les poissons rouges et les chiens, les animaux de compagnie les plus répandus au monde5. Les facteurs qui ont contribué à la croissance extraordinaire de cette catégorie particulière d’animaux (appelés pet6 par les Anglais) du XIXe siècle à nos jours sont nombreux et comprennent le rétablissement de la réputation sociale du chat, après des siècles de maltraitance et d’oubli. Le poète et musicien à la cour de Louis XV, François-Augustin Paradis de Moncrif avait raison quand il écrivait qu’un jour, on verrait « le mérite des chats généralement reconnu. […] Dans les sociétés, aux spectacles, aux promenades, au bal, dans les Académies même, les chats seront reçus ou plutôt recherchés »7. Cette réhabilitation, qui trouve son origine dans les cercles aristocratiques de la France du XVIIe siècle se consolida dans l’Angleterre victorienne et, à la fin du XIXe, posséder et élever des chats était désormais devenue une mode auprès de l’élite dans toute l’Europe. Le tournant décisif cependant eut lieu dans les années 80-90 du siècle dernier, avec le grand boum des animaux de compagnie et ce phénomène continue de s’étendre mondialement depuis lors.

6.Cet essai est donc sur les temps et les modes de transformation de la cohabitation entre les humains et les chats : à quel moment, et pour quelles raisons, de créatures honnies et méprisées, les félins sont-ils devenus des sources d’inspiration pour les poètes et des locataires privilégiés de nos maisons ? Loin de prétendre fournir une analyse exhaustive sur le sujet, la discussion s’articule en trois parties consacrées respectivement au XIXe siècle, au phénomène récent des pets et à ses retombées socio-économiques, et enfin à une petite sélection (subjective) de « chats célèbres » en tant qu’acteurs de films et de contes ou compagnons de vie de grands personnages historiques. C’est donc surtout le côté positif de la relation entre les humains et les chats qui sera abordé, celui qui a vu les chats conquérir des espaces et des rôles toujours plus importants au sein de nos sociétés. Toutefois, aujourd’hui encore, ils sont des millions à mener une vie difficile, à être victimes des préjugés et du désintérêt ; leur cohabitation avec l’homme n’est ni simple ni évidente et il est important de ne pas oublier le revers de la médaille.

Le siècle des chats : le XIXe

7.Quand, en 1851, l’écrivaine Jane Loudon commença à écrire Domestic Pets, elle avait à ses côtés un chat lové sur le canapé. Elle a voulu réserver à ce petit félin un chapitre entier de son livre, qui faisait partie des nombreux ouvrages dédiés aux animaux de compagnie publiés en Grande-Bretagne au milieu du XIXe et qui accompagnaient la diffusion de l’habitude bourgeoise d’accueillir chez soi de petits animaux8. Cette habitude avait d’abord pris pied dans les familles nobles du XVIIe et XVIIIe siècle, particulièrement en France. Elles possédaient des chiens, des chats, des agneaux, des lièvres, des hamsters, une grande variété d’oiseaux et même des animaux exotiques tels que des singes et des perroquets, qui étaient alors considérés comme des biens de luxe et des symboles de prestige. À l’origine s’exerçait une nouvelle moralité de type sentimentale, qui condamnait la violence à l’égard des créatures sans défense, en particulier des chats, dont on commençait à apprécier le charme en tant qu’animal familier. La chatte du conte La Chatte Blanche (1698) de Madame d’Aulnoy est un exemple emblématique. Dotée non seulement de pouvoirs magiques, mais aussi d’une élégance exquise, elle séduit le jeune prince, qui tombe amoureux d’elle. Le Cardinal de Richelieu fut l’un des premiers à se passionner pour les chats dans l’Europe moderne. Il en possédait beaucoup (son préféré était noir et s’appelait Lucifer) et voulut leur laisser un legs. Les chats angoras étaient très aimés à la cour de Versailles. Il parait que Brillant, le chat blanc préféré de Louis XV, inspira une peinture célèbre de Jean Jacques Bachelier9.

8.Ces antécédents ont permis que l’acceptation sociale du chat commence à s’enraciner au cours du XIXe, avec la diffusion de la mode des animaux familiers également au sein des classes bourgeoises. D’un côté, ils conservaient une fonction de marqueur social : la possession d’un animal, en particulier de race, était un indicateur de richesse, soulignait la distance avec les classes laborieuses et, à un niveau symbolique, la noblesse de la race légitimait l’autorité du propriétaire10. De l’autre, le petit animal de la famille était investi de nouvelles significations liées aux valeurs et aux coutumes des nouvelles classes moyennes : innocent, pur et sans défense comme les enfants, il fut élevé au rang de symbole de l’intimité des relations familiales et devint une partie intégrante du nouvel idéal de vie domestique bourgeoise. Dans le même temps, face aux processus d’urbanisation, il se transforma en une sorte de substitut de la vie à la campagne, d’intermédiaire entre la culture et la nature, entre la raison et l’instinct. Au-delà des symboles associés aux chiens et aux chats, parfois depuis des temps très anciens, leur diffusion en tant que pets a entériné leur statut d’« animaux civilisés »11. Au-delà du fait qu’ils bénéficiaient d’une condition privilégiée par rapport à leurs semblables, ils prirent un rôle clef dans la représentation que la bourgeoisie donnait d’elle-même et de l’ordre social. « L’amour pour les animaux de compagnie », affirmait-on, était « l’un des fleurons de la civilisation »12 et représentait un indice de bienveillance envers son prochain.

9.Bien que le chien, spécialement le chien de race fût considéré comme « le plus noble des animaux familiers » et « un grand ami de l’homme »13, la véritable nouveauté du XIXe fut dans la réhabilitation publique des chats : les accueillir chez soi, les câliner et les choyer devint une mode et ils se transformèrent en source d’inspiration pour les poètes et artistes de l’Europe entière. Représentant les vertus de dignité et de bienséance et les qualités féminines de grâce et de légèreté, considéré à l’instar de la femme comme l’« ange du foyer », le chat devint, encore plus que le chien, l’incarnation de l’idéal domestique victorien. On pensait qu’il avait en commun avec la femme une intelligence de type émotionnelle, le soin méticuleux de son propre corps, une démarche élégante, un charme séducteur et mystérieux. Dans l’imaginaire de la bourgeoisie de l’époque, le chat finit donc par personnifier les habitudes traditionnellement associées à la vie familiale et à la sphère d’action des femmes ; selon Loudon, cet animal « aux mouvements calmes et doux et au tempérament domestique » était l’animal préféré des « membres féminins de la famille »14. Les animaux en effet étaient également utilisés pour enseigner aux enfants les rôles de genre. Dans un roman de Julia Maitland (1854), le chien et la chatte blanche reflètent l’idéal du couple d’époux heureux : lui est fort et courageux, tandis qu’elle est discrète, zélée, affectueuse. Lui est « le patron et le protecteur, elle […] l’amie et la compagne »15.

10.D’un autre côté, selon un vieux stéréotype, le chat considéré comme ambigu et malicieux, particulièrement attiré par l’obscurité et la nuit, était également l’emblème de la féminité lascive, de la transgression, d’une sexualité débridée. À partir du XVe siècle, les peintres l’utilisèrent pour représenter les arts charmeurs des courtisanes et, au milieu du XIXe, Alphonse Toussenel ne fut pas le seul dans L’esprit des bêtes à décrire les chats et les prostituées comme des êtres frivoles et paresseux, réfractaires à la fidélité et enclins à ne rechercher que le plaisir. Même ceux, comme Émile Zola, qui appréciaient les félins, avaient du mal à ne pas les associer à la nature lascive des prostituées. Dans Nana, la protagoniste est une femme fatale travaillant dans un théâtre plein de chats, incapable d’aimer, mais en recherche de chaleur, tout comme eux16.

11.Destinée à rester encore longtemps un topos de la littérature, de l’art et de la culture populaire, l’assimilation entre le chat et la femme était visible, au XIXe siècle, principalement dans le paradigme de la vie domestique, surtout en Angleterre. Dans les romans victoriens, la présence du chat servait à rendre l’image de la vie familiale plus réaliste. Dans les journaux intimes et les mémoires, il avait accessoirement pour fonction de mettre en lumière les qualités et les vices des êtres humains. Les chats remplissaient également les poésies, les lettres, les affiches publicitaires, les cartes postales, les comptines pour enfants, les tableaux et les lithographies17. Après les chiens et les chevaux, les peintres commencèrent à se spécialiser dans la représentation des chats et un riche commerce ne tarda pas à se créer autour des portraits de pets. Chez les Anglais, les chats anthropomorphes de Louis Wain devinrent très populaires : dodus, joyeux, parfois habillés de la tête aux pieds ou seulement ornés de quelques accessoires, ils étaient représentés en train d’accomplir toute sorte d’activités humaines, toujours respectables et en phase avec la vie quotidienne des familles bourgeoises18. L’identification des félins aux standards du monde bourgeois prit une telle ampleur que certains artistes, tels que le peintre russe Boris Kustodiev dans la Femme du marchand prenant le thé (1918), les utilisèrent pour stigmatiser leurs coutumes.

12.Les chats inspirèrent des auteurs de grande importance tels que Charles Baudelaire, Edgar Allan Poe, Mark Twain, Rudyard Kipling, Théophile Gautier, Hippolyte Taine, Stéphane Mallarmé, Émile Zola, Guy de Maupassant, Alexandre Dumas, Louis-Ferdinand Céline, Guillaume Apollinaire, Charles Bukowski, William Burroughs, Ernest Hemingway. Ils soulignaient presque toujours leur indépendance, leur amour de la liberté, leur préférence pour la nuit, leur mépris des règles et des conventions. Pour Dumas, leur nature égoïste et ingrate était une preuve de supériorité par rapport au chien. Twain écrivit que le chat est la seule créature au monde à ne pas être esclave du fouet. Gautier et Baudelaire les décrivaient avec admiration comme des animaux solitaires, rebelles, qui fréquentent « sans peur les ténèbres »19. Leur détachement et leur indifférence envers le prochain les rendaient sympathiques aux yeux des artistes bohémiens et des intellectuels, en particulier français, qui aimaient rester à distance des canons de la morale commune. À leurs yeux, les chats, tout comme les chiens errants, représentaient l’essence même de la vie libre, anticonformiste, nomade.

13.La nouvelle popularité des félins entraina le développement d’un business florissant autour des races, élevages, concours, expositions, clubs, portraits, livres, revues, aliments spécialisés. À la fin du siècle, l’entreprise anglaise Spratt qui produisait de la nourriture pour chien, commença à créer également des aliments réservés aux chats. La première exposition féline eut lieu en 1871 au Crystal Palace de Londres. Elle remporta un succès extraordinaire et contribua à définir les standards des races en Europe. Deux ans avant avait eu lieu à Paris une exposition rassemblant des races canines et félines. L’exposition féline de 1895 au Madison Square Garden de New York, ainsi que celle du Jardin d’Acclimatation de Paris l’année suivante furent tout bonnement spectaculaires. Les Français avaient commencé à s’intéresser à l’élevage des races félines dans les années 1870. Instauré en 1913, le Cat Club de France fut bien vite suivi d’autres clubs semblables et, en 1929, l’exposition internationale de Paris confirma la magnificence de ces évènements : les chats présents avaient pratiquement tous « un splendide panier avec tapis, coussins de soie et lumière électrique. L’un d’entre eux avait même une poupée, un autre, un panier décoré avec des mimosas et la photo de son maître »20. Au début du XXe siècle, les activités concernant l’enregistrement et la sélection des races étaient désormais bien établies. Les élevages et clubs félins étaient présents dans de nombreux pays et chaque année, entre 300 et 400 expositions avaient lieu dans le monde. Entre les deux guerres, la pet food commença elle aussi à faire partie des courses habituelles des classes moyennes et supérieures en Europe et aux États-Unis21.

14.Une autre conséquence de la réévaluation sociale du chat fut qu’il s’assura un statut privilégié également aux yeux des défenseurs des animaux. La protection animale du XIXe siècle ne s’intéressait qu’à un nombre réduit de mauvais traitements et d’espèces. Les militants se mobilisaient principalement autour de requêtes morales et économiques liées à la protection de la bienséance et à une rationalisation de l’utilisation des animaux22. À partir de la deuxième partie du XIXe cependant, le mouvement se développa également dans une autre direction, en réponse au rôle affectif important que les chiens et les chats remplissaient auprès des classes supérieures. Les militants en effet commencèrent à recueillir les chiens et chats abandonnés et errants, ainsi qu’à se mobiliser pour qu’ils ne soient pas utilisés pour la recherche scientifique. À Londres, la Battersea Dog’s Home ouvrit ses portes dès 1860. Elle obtint le parrainage de la reine Victoria et commença, à partir de 1883, à accueillir également des chats. Aux États-Unis, le premier refuge pour animaux vit le jour à Philadelphia en 1874, tandis que la Sheltering Home for Animals de Brighton (Massachusetts) fut pionnière dans le choix de laisser les chats en liberté au lieu de les garder en cage. En France, la Société protectrice des animaux commença à publier des histoires sur la fidélité féline à partir des années 1860 et, à la fin du siècle, une nouvelle génération de militants (composée essentiellement de femmes), l’incita à créer des refuges pour chiens et chats. Le premier ouvrit en 1881 et le deuxième, géré par la fille de Claude Bernard, célèbre praticien de la vivisection, fut inauguré en 1885. C’est à la même époque qu’apparut dans toutes les grandes villes la figure de la « dame aux chats », savamment décrite par Marie Huot, présidente de la Ligue populaire contre la vivisection, dans une conférence de 1890 : « à cet appel bien connu, une bande de chats, surgissant de tous les coins, accourt avec des miaulements joyeux autour de la mystérieuse inconnue, qui distribue dans des morceaux de papier […] une part de pâtée à chacune de ces créatures affamées ». Elle expliquait en outre que ce qui poussait ces femmes à agir était une sorte d’instinct maternel, un « instinct sacré, inné au cœur de la femme », qui s’adresse à tous les êtres malheureux et nécessiteux23. On commençait en effet à entrevoir, comme Marie Huot le remarquait alors, une féminisation progressive du militantisme en faveur des animaux, qui se consolida ensuite au cours du XXe siècle24.

15.Pour la première fois après de nombreux siècles, le triste sort des chats se trouva donc inversé. Tout comme les chiens, ils devinrent de précieux compagnons de vie et les cibles privilégiées des attentions des défenseurs des animaux. Au cours du XXe siècle, ces phénomènes se répandirent et se renforcèrent et, dès l’entre-deux-guerres, les autorités publiques commencèrent à s’intéresser aux chats dans le but de freiner la prolifération des rats et des souris. En Italie par exemple, Mussolini donna l’ordre de transférer des colonies félines entières des sites archéologiques de Rome aux zones des marais pontins après leur assèchement et, au début des années 30, la Municipalité de Paris allouait 30 000 francs par an pour un élevage de chats de race à utiliser dans la chasse aux rats25. Avec le grand boum économique des années 50 et 60, le nombre de chats accueillis comme animaux de compagnie et les services qui leur étaient consacrés commencèrent à augmenter. De plus, l’essor de la pet therapy et les campagnes de sensibilisation des sociétés protectrices des animaux renforcèrent la tendance à mettre davantage l’accent sur la fonction affective de l’animal familier au détriment de sa fonction décorative ou symbolique, qui était en vogue au XIXe siècle. Les chats devinrent des héros de contes, chansons, dessins animés. L’immense succès de la chanson pour enfants 44 Chats (1968) et du film d’animation Les Aristochats (1970) couronna définitivement leur consécration.

Des occupants choyés de nos salons : les chats et les autres pets

16.Le vrai saut de qualité dans nos relations avec les félins eut lieu dans les années 80-90 du siècle dernier, quand la mode des pets commença à changer profondément aussi bien du point de vue qualitatif que quantitatif. Depuis lors, le phénomène du pet keeping et ses retombées économiques se sont mondialisés. Les sociologues et économistes expliquent ce phénomène avec des facteurs économiques (plus de richesses), démographiques (la diminution du taux de fécondité dans les pays riches), sociaux (une société fragmentée, consumériste, laïcisée, régie par des liens familiaux flexibles) et culturels (préoccupation croissante pour l’environnement et le bien-être animal). D’une part donc, les animaux de compagnie représenteraient une sorte de réponse aux insécurités créées par un tissu relationnel fragile et mobile : ils offrent une compagnie, soulagent la solitude et la douleur, permettent de se sentir utiles, répondent au besoin humain de faire de bonnes actions. D’autre part, face aux problèmes environnementaux et climatiques, l’animal familier peut devenir une référence dans notre rapport à la nature. Le soigner permet de se sentir plus responsable vis-à-vis de l’environnement et des animaux et de sensibiliser à leur protection. Par ailleurs, aujourd’hui comme par le passé, posséder des animaux exotiques et rares, ainsi que des chiens et des chats de races prisées, peut servir à souligner le statut social et les valeurs du propriétaire : richesse, puissance, virilité, beauté26.

17.Dans le monde, le nombre d’animaux familiers dépasse le milliard : au niveau mondial, les chiens présents dans 33 % des familles sont plus de 470 millions, tandis que les chats, dont le nombre atteint 373 millions, représentent le deuxième choix le plus répandu (23 % des familles). Ils ont plus de probabilités d’être préférés par les personnes de plus de 50 ans et les femmes, mais l’écart entre les deux sexes parmi les propriétaires de chats n’est pas autant marqué que le vieux mythe du lien spécial avec les femmes pourrait le faire croire27. Le marché mondial des soins pour animaux familiers a été évalué à plus de 300 milliards de dollars en 2023 et les prévisions pour 2033 se montent à 597 milliards, avec une croissance de 7 % de 2024 à 203328. Le secteur de la pet food, avec ses aliments de toutes sortes adaptés aux différents animaux, races, âges, tailles, goûts, pathologies est de plus en plus riche et mondialisé. La production mondiale de nourriture a atteint 35 millions de tonnes en 2022 (plus 7 % par rapport à 2021) et a été estimée à 118 milliards de dollars. Le taux de croissance prévu pour 2023-2028 dépasse les 5 %29.

18.Il n’existe plus de produits, d’activités ou de services initialement pensés pour les humains qui, aujourd’hui, n’aient pas été adaptés pour les animaux familiers : habillement, soins médicaux, psychothérapies, produits de beauté, divertissement, tourisme, fitness, assurances, jouets, services funèbres, cimetières, restaurants et hôtels spécialisés et bien d’autres encore. Assistés de leur naissance à leur mort, les petits animaux sont les héros de films, de feuilletons et de livres. Ils sont présents dans les campagnes publicitaires de toutes sortes d’entreprises, ils dominent le marché des produits pour l’enfance, tandis que les sites web et réseaux sociaux sur les chiens et les chats augmentent à un rythme exponentiel, sans oublier le succès des pet influencers. En somme, ils sont à la mode. Ils plaisent aux entreprises et aux consommateurs et ils créent de la richesse et des emplois. Parmi les nouveaux services les plus extravagants, on trouve des détectives spécialisés dans la recherche d’animaux familiers perdus et des caresseurs de chats30.

19.La pet-mania omniprésente n’a pas épargné les chats qui, eux aussi, ont subi un processus d’« humanisation » visible, entre autres, dans la tendance née dans les années 80 de leur donner des noms d’enfants. Les classements changent constamment, mais dans les pays anglo-saxons, les plus populaires restent Molly, Charlie, Oscar, Millie, Daisy, Max, Chloe, Lucy, tandis qu’en France on trouve beaucoup de chats s’appelant Clémentine, Colette, Gaston, Alphonse, Étienne, Amélie. Il existe des manteaux, imperméables, pulls, pyjamas, bandanas, chaussettes, laisses et colliers de toutes les formes, de toutes les couleurs et à tous les prix pour chats et le secteur de la pet fashion, qui voit de plus en plus fréquemment la collaboration de grandes griffes internationales, ne connait pas de crise. On a également vu arriver du Japon des propositions design créatives pour chats (paniers, griffoirs, étagères, divans, chaises, brosses, maisonnettes, cages de transport, litières). Des designers célèbres tels que Seungji Mun (Cat Tunnel Sofa) et Emily Wettstein (Cat Friendly Planter Table) s’y sont mis. On voit se répandre dans le monde entier les neko café, des cafétérias à thème qui accueillent des chats, généralement provenant de refuges, avec lesquels les clients peuvent jouer et se détendre. Les premiers ont ouvert à la fin des années 90 à Taïwan et au Japon, un pays où les félins sont considérés depuis toujours comme des porteurs de bonne fortune. Aujourd’hui, ils sont présents dans de nombreuses villes et se mobilisent également pour sensibiliser sur l’errance des animaux. Les plus célèbres se trouvent à New York, Amsterdam, Paris, Rome, Madrid, Bangkok, Londres31.

20.La qualité de la nourriture spécialisée, les progrès de la médecine vétérinaire, le soin des propriétaires pour leur santé ont doublé l’espérance de vie des chats par rapport à il y a trente ans. Pour les chats familiers, elle est comprise entre 12 et 15 ans, tandis que les chats errants exposés aux difficultés de la vie en extérieur vivent en moyenne entre 2 et 7 ans. Lorsqu’ils meurent, il est possible de les enterrer dans l’un des nombreux cimetières pour animaux désormais présents partout. Le plus ancien, qui a été retrouvé dans un site archéologique à Bérénice (Égypte) remonte à environ 2000 ans. À présent, il en existe des milliers dans le monde et 700 aux États-Unis32. Pour une « sépulture virtuelle », il existe de nombreux sites web où il est possible d’insérer des photos, des dédicaces et des épitaphes.

21.Chargé de fonctions affectives, sociales, psychologiques et thérapeutiques, le chat est donc au centre d’un marché de plus en plus prospère et tient un rôle de premier plan dans le système médiatique. Depuis 2002 de plus, il a sa propre Journée internationale le 8 août33. Tout comme le chien, le chat bénéficie d’une « protection législative spéciale ». Ces dernières dizaines d’années en effet se sont développées des lois spécifiques pour les animaux familiers (bien qu’avec des différences importantes selon les pays) concernant l’abandon, la mise à mort douloureuse, l’errance, les mauvais traitements, la gestion des refuges. Dans certains pays, la loi reconnait aux chats errants le droit de vivre « en liberté », en attribuant aux autorités locales la tâche de les stériliser et de les relâcher sur leur territoire. Certaines législations admettent le droit de succession pour les chiens et les chats et, lorsque ce droit n’est pas prévu, il existe de nombreux outils juridiques pour les protéger en cas de mort du propriétaire. De plus, depuis le jugement d’un tribunal français de 1952, la jurisprudence a commencé à reconnaitre aux propriétaires le « droit à l’affection » et le « dommage existentiel » pour la perte d’origine criminelle d’un animal de compagnie34. Les domaines concernés par la pet citizenship (qui implique les gouvernements locaux et nationaux, la jurisprudence, les gérants de magasins, hôtels et restaurants) sont donc de plus en plus vastes et les classements des pays les plus vertueux ne manquent pas. La Suisse, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et l’Autriche se disputent les premières places.

22.De nos jours, les chats n’ont jamais été autant aimés et le temps où ils étaient persécutés et torturés semble bien loin . Toutefois, les relations avec les animaux sont complexes, ambivalentes, paradoxales. Le traitement que nous réservons aux animaux familiers est très différent de celui que nous appliquons à d’autres catégories d’animaux, sans compter que, même à l’égard des chiens et des chats, les cruautés n’ont pas disparu. Les mauvais traitements, abandons, mises à mort sont à l’ordre du jour partout. En 2021-2022, une augmentation record des animaux abandonnés a été enregistrée dans toute l’Europe, comme résultat du boum d’adoptions qui a eu lieu lors du confinement pendant la pandémie. Ensuite, bien que les refuges privés suivent généralement une no-kill policy, dans de nombreux pays européens et aux USA, la suppression des animaux est admise et pratiquée dans les refuges publics pour chiens et chats.

Le chat botté et autres célébrités

23.Aujourd’hui, le chat le plus célèbre au monde est une femelle appelée Nala, qui a été adoptée en 2010 dans un refuge de Los Angeles. Ses 4,5 millions de followers sur Instagram en font la pet influencer la plus puissante du Web, avec une fortune estimée à 100 millions de dollars35. Les félins les plus célèbres de tous les temps cependant ne sont probablement pas ceux en chair et en os, mais ceux inventés, comme Felix, Garfield, Sylvestre, Duchesse, le Chat botté, les Jellicle Cats et bien d’autres, qui ont conquis une grande célébrité grâce à la littérature, aux bandes dessinées, au cinéma et à la télévision.

24.L’ancêtre de toutes les stars félines est sans aucun doute le héros du conte populaire Le Chat botté, transcrit pour la première fois au milieu du XVIe siècle et qui est devenu célèbre dans la version de Charles Perrault de 169736. On retrouve dans ce chat aux origines humbles, rusé, menteur, doté d’une grande habileté et « humanisé » par l’usage des bottes, quelques-uns des symboles les plus anciens liés aux félins : porteur de magie et de bonne fortune, animal totem qui veille sur les êtres humains, créature indépendante qui s’en sort sans l’aide de personne. Malgré sa morale ambigüe, Le Chat botté est l’un des contes pour enfants les plus diffusés au monde et a fait l’objet de nombreuses adaptations dans la littérature, dans les arts graphiques, au cinéma et à la télévision. La première adaptation cinématographique fut réalisée par Lucien Nonguet en 1903.

25.Les grands classiques de la littérature ont également produit le Chat du Cheshire, un personnage inventé par Lewis Carroll dans les Aventures d’Alice au pays des Merveilles et qui est présent dans toutes les œuvres dérivées. Énigmatique et extravagant, doté de pouvoirs magiques et détenteur de nombreux secrets, il instaure une véritable relation de confiance avec Alice. Dans le dessin animé extrêmement populaire tiré du conte Cendrillon, on trouve Lucifer, le chat noir méchant et sournois de la belle-mère. Au contraire, dans le roman Pinocchio de Carlo Collodi, le chat, compère du renard qui fait semblant d’être aveugle pour escroquer le pantin de bois apparait plus rusé et ambitieux que maléfique. Depuis 1970, les héros du chef-d’œuvre de Walt Disney, Les Aristochats continuent de fasciner les enfants du monde entier. On y trouve des félins de toute sorte, de la noble Duchesse raffinée aux chats de gouttière comme Thomas O’Malley, un gros matou roux gentil, dont Duchesse tombera amoureuse. Tous représentés de façon positive, ces chats (dont certains sont inspirés de personnages réels) peuplent un monde où coexistent harmonieusement les différences ethniques et sociales et où l’amitié et la solidarité sont des valeurs importantes. Grâce à son ironie, Garfield a lui aussi conquis des générations entières d’adultes et d’enfants. Créé en 1978 par le dessinateur de bande dessinée américain Jim Davis, ce gros chat roux paresseux et gourmand exprime ses opinions sur tout, s’amuse à tourmenter le chien crédule Odie et considère le facteur, les souris, les vétérinaires et les lundis comme ses ennemis jurés. Depuis 2001, Garfield détient le record de la bande dessinée la plus publiée au monde et est à l’origine d’une industrie de plusieurs millions de dollars qui comprend des séries télévisées, des films, des livres, des jeux vidéo, des figurines et des gadgets.

26.Première vedette du monde de l’animation et célèbre encore aujourd’hui, Félix le chat fut créé en 1917 par l’américain Otto Messmer qui prit pour modèle Charlot. Malin, ingénieux et attaché à une logique très personnelle, Félix vit des aventures très variées, dans une atmosphère fantaisiste et surréelle. Son succès exceptionnel dans les années 20-30 fut ensuite rejoint par celui du dessin animé Tom et Jerry créé en 1940 par Hanna et Barbera, autour de la rivalité entre le chat Tom et la souris Jerry. Le premier, tyrannique et opportuniste, incarne l’instinct prédateur des félins et passe son temps à essayer d’attraper son petit ennemi, sans jamais y arriver. Jerry, tranquille, mais rusé, démontre que l’intelligence et la ruse sont plus efficaces que la force. Sylvestre et Titi sont un autre couple d’antagonistes célèbre. Créé en 1945, Sylvestre est un chat anthropomorphe blanc et noir avec un gros nez rouge, obsédé par l’envie de capturer le canari Titi, le kangourou Hippety Hopper et la souris Speedy Gonzalez.

27.Le cinéma a parfois rendu célèbres des chats en chair et en os, comme c’est le cas pour celui posé sur les genoux de Don Vito dans la première scène du film Le Parrain. Sa présence accentue alors l’aura de pouvoir et la distance du boss. Le chat tigré roux d’Audrey Hepburn dans Diamants sur canapé était un véritable chat-acteur. Appelé Orangey, il a fait des apparitions également dans d’autres films. Plus récemment, un autre chat roux a été le héros de Un chat pour la vie, qui retrace l’histoire vraie d’une amitié réciproque et inconditionnelle entre un jeune sans-abri et son chat Bob. En dehors du grand écran, le premier félin à devenir un personnage public célèbre dans le monde entier fut Socks, le chat de la famille Clinton. Noir avec des « chaussettes » blanches, il fut adopté en 1991 et devint une vraie star à la Maison-Blanche. Photographié par les médias du monde entier, il avait des milliers d’admirateurs et un personnel préposé uniquement à la gestion de sa correspondance. Sa mort à l’âge de vingt ans en 2009 fit la une des journaux et la photographie de lui sur le pupitre de la salle de presse présidentielle reste emblématique.

28.Socks ne fut pas le premier matou à la Maison-Blanche. On peut rappeler entre autres Tom Quartz et Slippers de Theodore Roosevelt et Tom Kitten de John Kennedy. L’histoire en outre est remplie de souverains, de chefs d’État et de gouvernement, de commandants, de papes qui choisirent la compagnie d’un petit félin. L’empereur Octave Auguste fit un hommage affectueux à sa chatte dans ses mémoires. On raconte que Mahomet aimait tous les animaux, mais en particulier sa chatte tigrée Muezza. La prunelle des yeux de la reine Victoria, qui aimait passionnément les animaux familiers, était une persane appelée White Heather. Le premier président à amener un chat à la Maison-Blanche fut Abraham Lincoln et, parmi les grands hommes d’État, on compte parmi les amoureux des chats Winston Churchill, le conte de Cavour, Charles de Gaulle, Catherine II, Giovanni Giolitti. Benoît XVI ne fut pas le seul pape à nourrir une affection particulière pour les félins et on peut citer avant lui le pape Grégoire Ier, Pie VII, Léon XII. Les personnages puissants de l’histoire attirés par les chats sont nombreux, peut-être parce que dans l’aversion des chats pour toute forme de sujétion, ils voyaient le reflet de leur propre personnalité, à moins qu’ils aient été fascinés par leur caractère indéchiffrable37.

29.« Le chat veut être seulement un chat », écrivait Pablo Neruda, un mystère impossible à percer38. Nous continuerons à les aimer et à écrire sur eux, nous nous laisserons charmer par leur élégance et leur souplesse, nous les gâterons et les laisserons dormir sur nos lits, mais nous ne réussirons jamais à connaitre pleinement ces petits félins domestiqués depuis plusieurs milliers d’années.

  • 1 C. Baudelaire, Le Chat, dans Les Fleurs du mal, Paris, 1861, p. 117. La citation du titre – « Conquérir l’amitié d’un chat est chose difficile. […] il veut bien être votre ami, si vous en êtes digne, mais non pas votre esclave » – est extraite de T. Gautier, Ménagerie intime, Paris, 1869, p. 22.
  • 2 Recherche effectuée le 2-04-2024.
  • 3 Cf. R.A. Palmatier, Speaking of animals: a dictionary of animal metaphors, Westport, Greenwood, 1995.
  • 4 Pour une analyse historique, cf. Dictionnaire historique et critique des animaux, sous la direction de P. Serna, V. Le Ru, M. Mellah, B. Piazzesi, 2024, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2024. La littérature sur les chats et sur les animaux en général est très vaste. Dans les notes, seuls les ouvrages de référence essentiels seront mentionnés.
  • 5 Cf. https://europeanpetfood.org/.
  • 6 Dérivant du français « petit », le mot « pet » indiquait à l’origine un enfant choyé et gâté. Il a commencé à être également utilisé pour se référer à des chats, des chiens et de petits animaux de bassecour à partir de la fin du XVIe siècle. L’historien Keith Thomas définit le pet, comme l’animal qui vit dans la maison, qui porte un nom et qui n’est en aucun cas mangé ; K. Thomas, Dans le jardin de la nature : la mutation des sensibilités en Angleterre à l’époque moderne (1500-1800), Paris, Gallimard, 1985, p. 147-152.
  • 7 F -A. Paradis de Moncrif, Histoire des chats, 1727, publié par the Ex-classics Project, www.exclassics.com, p.71.
  • 8 J. Loudon, Domestic Pets: their habits and management, London, 1851, p. 41-54.
  • 9 Cf. É. Baratay, Cultures félines (XVIIIe-XXIe siècle). Les chats créent leur histoire, Paris, Seuil, 2021 ; K.M. Rogers, Cat, London, Reaktion Books, 2006 ; K. Alpar-Ashton, Histoires et légendes du chat, Paris, Tchou, 1992 ; R. Darnton, Le grand massacre des chats. Attitudes et croyances dans l’ancienne France, Paris, Laffont, 1985.
  • 10 Cf. I.H. Tague, Animal companions. Pets and social change in Eighteenth-Century Britain, University Park, Pennsylvania State UP, 2015; B. Boehrer (ed.), A cultural history of animals in the Renaissance, Oxford, Berg, 2007.
  • 11 Sur les changements dans la relation aux animaux domestiques, cf. D. Baldin, Histoire des animaux domestiques, XIXe-XXe siècles, Paris, Seuil, 2014 ; É. Baratay, Et l’homme créa l’animal. Histoire d’une condition, Paris, Odile, 2003. 
  • 12 Cité dans H. Kean, Animal Rights: Political and Social Change in Britain since 1800, London, Reaktion Books, 1998, p. 46. Les citations sont librement traduites de l’anglais.
  • 13 J. Loudon, Domestic, op. cit., p. 1. Cf. V. Vanneau, Le chien. Histoire d’un objet de compagnie, Paris, Autrement, 2014.
  • 14 J. Loudon, Domestic, op. cit., p. 41.
  • 15 J.C. Maitland, Chien et chat, ou Mémoires de Capitaine et Minette, Paris, 1879, p. 136 (ed. or. 1854).
  • 16 Cf. K.M. Rogers, Cat, op. cit., p. 114-141 ; C. Simon, The feline mystique: on the mysterious connection between women and cats, New York, St. Martin’s Press, 2002 ; S. Jansen Nöllenburg, Quello che i gatti insegnano alle donne, Milano, Geo, 2004.
  • 17 Cf. K. Morrison (ed. by), Victorian pets and poetry, New York, Routledge, 2021.
  • 18 Cf. Les chats de Louis Wain, sous la direction de P. Allderidge, Paris, Bibliothèque de l’Image, 2000. Dans la France des années 30-40, ce sont les chats anthropomorphes réalisés par Grandville (le pseudonyme de Jean-Igance Gérard) qui devinrent célèbres.
  • 19 Dans la préface des Fleurs du mal de Baudelaire, Gautier citait parmi les dons du chat, son charme nocturne mystérieux : « le chat, avec ses yeux phosphoriques qui lui servent de lanternes et les étincelles jaillissant de son dos, hante sans peur les ténèbres ». Cf. M. Delcroix, W. Geerts, Les chats de Baudelaire. Une confrontation de méthodes, Namur, Presses universitaires de Namur, 1980, p. 178.
  • 20 Doll pet for persian cat, « Derby Daily Telegraph », 9-2-1929. Pour l’histoire des expositions et des races, cf. www.cat-o-pedia.org/.
  • 21 Cf. A. Fernandez, Feed the dog: a short history of feeding the domestic dog, Puppy Care Education, 2012.
  • 22 Cf. C. Traïni, La Cause animale (1820-1980). Essai de sociologie historique, Paris, PUF, 2011 ; L. Kalof, Looking at Animals in Human History, London, Reaktion Books, 2007.
  • 23 Cité da s C. Traïni, La cause, op. cit., p. 125.
  • 24 Cf. Y. Delaporte, Les chats du Père-Lachaise, « Terrain », 10, 1988, p. 37-50 ; A. Mannucci, La donna dei gatti: dalla gattara anomica alla tutor della legge 281, « La Ricerca folklorica », 48, 2003, p. 99-117.
  • 25 Cf. C. Ciammaruconi, Gatti per Littoria. La colonia felina del Foro di Traiano dalla Roma mussolinea all’Agro Pontino «redento», « Latium », 38, 2021, p. 149-185 ; A. Loir, Le Chat, son utilité. La Destruction des rats, Paris, Ballière, 1931.
  • 26 Cf. J. Serpell, In the company of animals. A study of human-animal relationships, Oxford, Basil Blackwell, 1986 ; A. Arluke, C.R. Sanders, Regarding animals, Philadelphia, Temple UP, 1996 ; A. Franklin, Animals and modern cultures. A sociology of human-animal relations in modernity, London, Sage, 1999 ; G. Melson, Les animaux dans la vie des enfants, Paris, Payot, 2009 ; A. Franklin Miffy and me: Developing an auto-ethnographic approach to the study of companion animals and human loneliness, « Animal Studies Journal », 2, 2015, p. 78-115.
  • 27 Cf. https://healthforanimals.org/reports/pet-care-report/global-trends-in-the-pet-population/.
  • 28 Cf. www.precedenceresearch.com/pet-care-market.
  • 29 Cf. www.petfoodindustry.com/pet-food-market.
  • 30 Cf. G. Guerzoni, Pets. Come gli animali domestici hanno invaso le nostre case e i nostri cuori, Milano, Feltrinelli, 2017 ; J. Mosteller, Animal-companion extremes and underlying consumer themes, « Journal of Business Research », 61, 2008, p. 512-521 ; B.K. Brockman, V.A. Taylor, C.M. Brockman, The price of unconditional love. Consumer decision making for high-dollar veterinary care, « Journal of Business Research », 61, 2008, p. 397-405 ; M. Holbrook, Feline consumption. Ethography, felologies and unobtrusive participation in the life of a cat, « European Journal of Marketing », 31, 1997, p. 214-233.
  • 31 Cf. M. Chevallier, Le Cat Cafe, un bar japonais qui loue des chats, « Linternaute.com », 3-2-2012.
  • 32 Cf. J.C. Desmond, Displaying death and animating life: human-animal relations in art, science, and everyday life, Chicago, Chicago UP, 2016, p. 81-170.
  • 33 La fête du chat a lieu le 17 février dans de nombreux pays européens, le 1er mars en Russie, le 22 février au Japon.
  • 34 Cf. T.G. Kelch, A short history of (mostly) western animal law. Part II, « Animal Law Review », 19, 2013, p. 347-390. Sur la législation italienne, cf. P. Donadoni, Famiglia e danno interspecifici?, « Materiali per una storia della cultura giuridica », 2, 2008, p. 529-544.
  • 35 Cf. https://nalacat.com/.
  • 36 Cf. J. Benoît, Le paganisme indo-européen : pérennité et métamorphose, Lausanne, L’âge d’homme, 2001, p. 72-80.
  • 37 Cf. C. Vai, Gatti di Stato: tra uso pubblico e passioni private, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2022.
  • 38 P. Neruda, Ode au chat, traduction française de C. Browne, cf. https://catherinebrowne.com/poemes/pablo-neruda/, (ed. or. 1959).
 

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